SP extrait 02

- Résumé -

Et si vous pouviez voir les morts ?
Dans notre monde, il existe des personnes qui en sont capable. On les appelle "Médium", et certain d'entre eux utilisent leur don pour traquer les esprits. Oriane est l'une d'eux ; étudiante la journée, chasseuse de fantômes lors de son temps libre pour le compte de la SP, la jeune femme essaye de combiner au mieux ces deux facettes de sa vie sans qu'elles ne se croisent. Bienvenue dans le quotidien d'une demoiselle presque comme les autres.

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SP - Section Paranormale - Oriane P.O.V. - Scène de Karel et Oriane : At the Hospital [extrait]


Je me dirigeais vers la chambre de Karel en arpentant le long couloir le plus discrètement possible. Le médecin avait été clair : il était hors de question que j'ai un quelconque contact avec Karel tant qu'il n'avait pas été interrogé par la police. Mais par chance, l'infirmière m'avait dit dans quel chambre je pouvais le trouver. Certainement avait-elle éprouvé une grande compassion à mon égard en voyant l'inquiétude que je manifestais pour mon coéquipier, ou peut-être avait-elle eu simplement pitié de la pauvre fille qui se tenait devant elle, retrouvée dans une robe de haute couture souillée par le sang et actuellement plongée dans un profond désespoir.
Avant d'entrer, je vérifiais le numéro de la chambre. J'entrouvris la porte juste assez pour m'y faufiler, la refermant doucement derrière moi. L'endroit était sombre, beaucoup trop sombre, et je sentais mes angoisses revenir rien qu'à l'idée que le fantôme que nous étions venu combattre soit dans cette pièce. Mais Karel devait dormir. Il avait subit une longue opération, et avait du s'endormir avec les doses de morphine pour calmer la douleur provoquée par ses blessures. Je me décollais doucement de la porte, avançant à tâtons.
- ... Karel ? , dis-je la voix quelque peu tremblante.
Et contre toute attente, j'entendis le concerné me répondre.
- Oriane ?
La petite lampe accrochée au mur dominant le lit s'alluma, éclairant suffisamment la chambre pour que l'on puisse y voir clairement. Je me rapprochais de quelques pas, restant tout de même à une distance plus que raisonnable du lit. Karel s'était redressé, s'adossant à ses oreillers. Il me regarda un long moment, la mine inquiète, semblant chercher quelque chose sur mes jambes, mes bras, mes poignets et mon visage. Après avoir terminé son observation, il sourit, ses yeux claires laissant paraitre le soulagement qu'il ressentait. Le connaissant, il avait certainement voulu s'assurer que je n'avais aucune blessure.
- Tu vas bien ? ,finit-il par me demander.
Je ne lui répondis rien, mon visage restant totalement neutre face au sourire tendre qu'il m'adressait. Tout comme il l'avait fait avec moi plus tôt, je le fixais, scrutant chaque détails de son visage. Mes yeux descendirent sur son buste, remarquant qu'il portait la même chemise de nuit d'hôpital que moi, d'un vert à la fois doux et fade et dont les manches recouvraient partiellement ses bras. Bras qui, je le constatais, étaient entièrement bandés, et ce jusqu'à la première phalange de ses doigts, parfois même le doigt entier. Ma gorge se serra, et je déglutis. Je revoyais ses bras qui quelques heures plus tôt étaient en sang. Et j'étais responsable de son état... C'était après moi que ce fantôme en avait, moi qui m'était laissée entrainer dans son jeu, et c'était Karel qui payait le résultat de mon inconscience. Je pris une inspiration pour tenter de me calmer et enfin dire quelque chose pour briser ce lourd silence, mais les larmes coulèrent le longs de mes joues malgré moi.
- ... Je suis désolée.
Le sourire de Karel s'effaça doucement de son visage. Il soupira, me tendant la main en se décalant légèrement dans son lit pour me laisser de la place. J'allais le rejoindre, quelque peu hésitante au début, puis pris sa main en m'asseyant sur le rebord du lit de façon à être face à lui, abaissant son bras.
- ... On n'aurait jamais dû y aller. ,dis-je à mi-voix, n'arrivant pas à parler plus fort. Jamais...
Mon dernier mot n'avait été qu'un chuchotement, ma voix restant coincée dans ma gorge. Je caressais sa joue du bout des doigts, tremblante, laissant ma caresse glisser vers ses lèvres dont j'en dessinais doucement le contour de mon index. Je repensais au baiser qu'il m'avait donner tout à l'heure pour me calmer, et je mourrais d'envie de retrouver ce contact doux et rassurant que je n'avais cessé de vouloir éviter depuis quelques mois. Je voulais lui montrer que j'étais présente, que j'étais là pour lui comme il avait toujours était là pour moi. Je voulais le rassurer.
Tout en restant douce, je me penchais sur lui, remplaçant mon doigt par mes lèvres. Je laissais sur sa bouche un premier baiser éphémère, puis recommençais mon geste à plusieurs reprises de façon plus appuyé jusqu'à ce qu'il y réponde. Sa main vint se poser dernier ma nuque, me rapprochant encore un peu plus de lui alors que je cherchais à approfondir notre échange timidement. Je tentais de ne plus penser à rien, uniquement à lui et moi, à ses gestes rassurants et apaisants, à son souffle qui se mêlait au mien.
Lorsque le calme m'eut finalement gagner, je m'éloignais légèrement, venant me blottir contre lui en réfugiant mon visage dans son cou. Il y eu un silence de quelques secondes. Sa main restait dans ma nuque, et je le sentit prendre une grande inspiration, son thorax se soulevant, avant qu'il ne reprenne.
- Pourquoi tu...
Il stoppa sa phrase subitement, enchainant sur une autre question.
- Comment te sens-tu ?
- Physiquement ça va. Après je... Je suis encore un peu perdue.
- Ca ne doit pas être évident. Je suis désolé de ne pas être arrivé avant...
Il soupira caressant doucement mes cheveux. A son intonation, je devinais qu'il s'en voulait de ne pas avoir pu maitriser la situation.
- Non, c'est moi qui me suis laissée entrainer dans son jeu. Tu n'y es pour rien.
Je me redressais en faisant attention à ne pas lui faire mal, essuyant mes yeux encore mouillés. Au moment où je commençais à descendre du lit, le bras de Karel passa autour de ma taille pour me retenir.
- Non reste! ,dit-il en serrant les dents face à la douleur causée par son geste. Je ne veux pas que tu partes, et encore moins dans cet état. Tu n'as rien à te reprocher.
Il laissa un silence le temps d'une demi seconde, affichant un sourire amusé.
- Tu n'es pas un vrai "Ghost Hunter" si tu n'as pas déjà fait au moins une chose idiote en étant à demi-possédé.
Sa réaction m'étonna, et je ne pu empêcher un bref sourire se dessiner sur mon visage à sa remarque.
- Tu dois te reposer Karel. Et si les infirmières ou un des médecins me trouvent ici je risque d'avoir des ennuis, je ne suis pas censée savoir que tu es dans cette chambre...
- Si tu pars je vais m'inquiéter pour toi. Je ne veux pas me demander toute la nuit si tu vas bien ou si il y a un problème. Reste, je m'occuperai des infirmières.
Je le regardais un moment, hésitante, puis vins finalement reposer ma tête sur son torse en allongeant mes jambes sur le lit comme je le pouvais. Sa main vint de nouveau caresser mes cheveux alors que le silence reprenait place. Durant ce moment de tranquillité, je repensais à tout ce que j'avais vécu avec Karel ces deux dernières années ; le jour de notre rencontre, nos missions, nos disputes, mais aussi les instants plus calmes où nous avions pu parler. Je savais que cette mission improvisée serait la dernière que nous feront ensemble, et je savais aussi qu'après la mutation qu'il avait demandé je ne le reverrais plus.
C'est avec cette pensée déchirante que je m'endormis, bercée par son odeur et ses caresses.