SP extrait 01

- Résumé -

Et si vous pouviez voir les morts ?
Dans notre monde, il existe des personnes qui en sont capable. On les appelle "Médium", et certain d'entre eux utilisent leur don pour traquer les esprits. Oriane est l'une d'eux ; étudiante la journée, chasseuse de fantômes lors de son temps libre pour le compte de la SP, la jeune femme essaye de combiner au mieux ces deux facettes de sa vie sans qu'elles ne se croisent. Bienvenue dans le quotidien d'une demoiselle presque comme les autres.

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SP - Section Paranormale - Oriane P.O.V. - Chapitre I [extrait]

Karel avança de quelque pas, scrutant la pièce de toute part avant de se retourner vers moi, et je devinais à son intonation qu'il me souriait.
- Tu vois Oriane, y a rien. Ca doit être un animal.
- ... Si il y avait un animal mort, ça sentirai plus mauvais que ça... Et sinon, on l'aurait entendu.
Je m'avançais au même niveau que lui, regardant les alentours alors que mes yeux commençaient à s'habituer à la pénombre. J'entendis un bruissement sur ma droite. Il fut suivit par des pas voulant se faire léger. Les petits tapotements s'accélèrent brusquement, puis nous sentîmes comme un courant d'air avant d'entendre la porte claquer dernière nous. Une petite silhouette passa devant la lucarne, aussi vive que l'éclair.
- Tu l'as vu ?! , dis-je surprise en reprenant machinalement sa main.
Mais Karel ne me répondit rien. Il me rapprocha un peu plus de lui en resserrant sa main sur la mienne, au cas où les choses tourneraient mal, le regard balayant la pièce. Je l'imitais. Bientôt, nous entendîmes d'autres pas, puis les fameux roulements dont les propriétaires de la maison se plaignaient. Nous laissâmes notre ouïe guider nos yeux, essayant de définir d'où provenait ce bruit semblable à celui produit par une boule de bowling roulant sur du parqué ciré. Le grondement de la boule stoppa, laissant place à des petits rires mutins.
- Tu as vu, chuchota une voix sur un ton innocent et amusé. Ils nous voient.
- Tu penses qu'ils sont venus jouer avec nous ?
La deuxième voix répondit sur le même ton que la première. Il y eut encore quelques murmures, que ni Karel ni moi n'arrivions à comprendre, avant que la première voix ne reprenne sur un ton plus clair.
- Vous jouez avec nous ?
- C'est qu'il fait un peu trop sombre pour pouvoir jouer... , répondit Karel.
Aussitôt, une vieille lampe de taille moyenne s'alluma dans le coin gauche de la salle, laissant voir plus clairement la disposition et la superficie du grenier. Nous nous retournâmes pour finalement nous retrouver face à face avec nos interlocutrices – car en fait, nous parlions avec deux petites filles, des jumelles.
- Alors, vous jouez avec nous ? , répéta la deuxième.
- Tout dépend du jeu. , finis-je par dire.
- On fait rouler la grosse boule...
- ...En se mettant chacune à un bout de la pièce.
Les jumelles parlaient l'une après l'autre en respectant le tour de chacune. Visiblement, elles avaient l'habitude de fonctionner ainsi.
- Et vous n'êtes que toute les deux ? , demanda Karel, visiblement surpris.
- Oui. , répondirent-elles en cœur, esquissant le même sourire enjoué sur leurs petites bouilles blafardes.
Il y eu un silence durant lequel Karel et moi nous sommes regardé longuement. Je connaissais très bien l'expression qui se cachait derrière ses yeux bleus ciel, et mon regard se durcit un peu en comprenant son idée.
- Donc on joue ? , reprit l'une d'elle.
- Vous ne préféreriez pas aller jouer dehors ? , dit-il en soutenant toujours mon regard. Ce serait mieux non ?
- On voudrait bien.
- Mais nous ne pouvons pas sortir d'ici...
- Après la porte il n'y a plus rien.
- C'est tout noir, le néant.
Soupirant, je m'avançais, mais Karel me retint par le bras.
- Mais vous devez bien avoir des parents qui vous attendent quelque part non ?
Les jumelles aux longs cheveux blonds cendrés et aux prunelles bordeaux se regardèrent alors, ne semblant pas comprendre ce à quoi Karel faisait allusion.
- Est-ce que vous voyez une lumière blanche pas loin de vous ? , finis-je par dire. Un genre de portail lumineux.
- Non, rien du tout, dit la première.
Je reportais mon attention sur Karel, lui faisant comprendre qu'on n'avait pas le choix. Il me regarda avec un air d'enfant blessé, déçut de n'avoir aucune autre solution.
- Alors quoi ? , finit-il par me dire. Moi je ne le ferai pas, c'est hors de question.
- Bien, soupirai-je. Quand faut y aller...
Je me rapprochais alors des petites jumelles en prenant une grande inspiration. Elles me regardaient sans rien dire, se rapprochant l'une de l'autre, visiblement un peu inquiète. J'exécutais alors mon rituel habituel face à ce genre de situation : les yeux fermés, les mains parallèles et face à face, définissant un espace vide et sphérique. Je prenais une grande inspiration, me concentrant. Une masse d'énergie m'enveloppa, et un portail lumineux se forma entre mes mains. Elles n'avaient opposé aucune résistance lors de l'aspiration. Lorsque je sentis leurs présences en moi, je replaçais mes mains le long de mon corps, sentant mes genoux heurter le sol alors que Karel me retenait par la taille. Il me souleva et me pris sur son dos, comme souvent après ce genre d'intervention. Aspirer un esprit n'était rien de bien méchant, même si ça pouvait fatiguer. Mais en aspirer deux d'un coup, même deux sans caractéristiques particulières, était assez éprouvant. Karel me porta jusque dehors, puis fit appelle à un taxis grâce au petit bonhomme que nous avait donné Li-Mei. L'attente dura longtemps. Durant ce moment, le silence de Karel me pesait ; il avait toujours refusé d'aspirer les esprits des enfants. De plus, il m'en voulait, malgré lui, de l'avoir fait, même si il savait que nous n'avions pas d'autres possibilités. Cela ne me plaisais pas non plus, mais je m'étais fait une raison.